Ma suggestion ne pourrait rencontrer toutes tes exigences mais puisque tu réclames aussi avis et expériences, je te dirais que :
1º Ma discothèque est fort comparable à la tienne. (La quantité mise à part !)
2º J'ai la même platine depuis plus de vingt ans ; elle n'a pas bougé…
3º Adolescent, je rêvais très fort d'une Technics MKII ou LS-1200 – je ne me souviens plus de la différence ? Mais n'avais pas encore franchi le pas de choisir ma platine… Quand j'ai appris que l'excellente firme suisse Lenco cessait la production, j'ai arrêté de tergiverser et j'ai foncé acheter une bonne vieille Lenco L-75.
Aujourd'hui, je me félicite de mon choix. J'ai l'impression d'avoir opté pour la Mercedes (sobre et robuste) plutôt que la BMW (raffinée et épatante). (Pas trop sûr de ma comparaison. Les bagnoles, c'est pas trop mon truc…) Je m'explique :

La Technics offrait tous les raffinements technologiques : entraînement direct, stroboscope et réglage du pitch, bouton de démarrage quasi instantané, très honorable suspension, robuste et transportable. Super pour frimer, comme si on était un vrai DJ. (2/3 d'entre eux utilisaient celles-là) – Elles m'ont quand même fortement marquées pour que je m'en souvienne ainsi plus dee 20 ans plus tard…

À l'encontre, la Lenco était d'une conception plus qu'élémentaire mais excellente, avec un look de char russe et une finition impeccable : :D



Il suffisait d'y ajouter une (très) bonne cellule – j'ai une Goldring, quand même abordable…– pour avoir une installation qui pouvait concurrencer les bien trop chères Thorens et autres platines pour « audiophiles ».
Quant aux autres DJ, les plus exigeants d'entre eux trimbalaient des … L-75, « kittées » à mort ! Leurs embases étaient démontées et placées avec une suspension spéciale dans des flightcases avec table de mix', lampes etc. incorporées. Le tout grand jeu !

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Caractéristiques principales de la Lenco L-75
(de mémoire… puisque la mienne n'a pas encore été rapatriée dans notre nouvelle maison.)

La base métallique est montée sur ressorts dans un chassis en noyer. (Employé en lutherie – mais aussi pour les crosses de fusil –, le noyer, s'il est facile à sculpter, amortit aussi très bien les vibrations, sans avoir la flexibilité du frêne. Celui-ci conviendrait mieux pour la table support de la platine, à moins qu'on ne préfère la masse du marbre ou d'un billard…)
Tout étant suspendu à la table métallique, il est aussi possible de l'encastrer dans un châssis maison. Un patron de découpe était d'ailleurs fourni…

En-dessous, un robuste moteur, commandé par l'interrupteur à droite, est suspendu horizontalement par de très bons ressorts – verrouillables pour le transport (vis rouges sous la table…) Ce lourd moteur assure la stabilité de la table à la manière de la quille d'un bateau.

Un galet (système très sûr et qui ne se dérègle jamais*. Le diamètre est indifférent… À comparer avec les courroies, qui se détendent ou se rompent, et l'entraînement direct, qui ronfle facilement) transmet le mouvement de l'arbre cônique du moteur vers le plateau en fonte d'aluminium. (Celui-ci, vraiment très lourd – quelques kilos –, doit être retiré pour le transport afin de ne pas fausser l'axe du tourne-disques.) Il assure une vitesse très régulière et une grande stabilité.
* Pour éviter toute déformation du galet, il est néanmoins conseillé de le « débrayer » en cas d'inutilisation prolongée.

Le réglage de la vitesse se fait par un levier de débrayage du galet (à gauche de la platine) et translation de celui-ci le long de l'arbre (voir la vue de dessous). Quatre cavaliers réglables par vis permettent de fixer les positions de référence pour les vitesses de 16, 33 1/3, 45 et 78 tours/min. Toutes les positions intermédiaires sont néanmoins possibles…
:P Voilà pour le pitch.
Pour le réglage précis de la vitesse, un simple disque stroboscopique en aluminium, à illuminer avec une simple lampe…
De toute manière, la plupart des stroboscopes des autres platines étaient aussi bêtement réglés sur le 50 Hz. Rarissimes étaient ceux pilotés par un oscillateur variable, calé par un quartz, même s'il y en avait parfois un pour la vitesse du moteur…

Selon les modèles, la platine était livrée avec un bras droit (très bon trouvé-je) ou un bras en S, que je ne connais pas. De toute manière, il convient d'en tenir compte dans le choix de la cellule et de l'aiguille. La suspension est du type à couteaux, comme les balances de pharmacien.
Il est abaissé par un système hydraulique, me semble-t-il. Très doux en tout cas. Sa précision laisse néanmoins à désirer pour un démarrage « dîîdjay ». (C'est le moins qu'on puisse dire : jusqu'à deux-trois secondes de décalage entre repérage et redépose. Hormis le larguer manuel de l'aiguille sur le disque, pas de salut !)
Étant donnée aussi l'énorme inertie du plateau, il existait donc un « sur-plateau » léger adaptable au-dessus de celui en fonte et qu'on débrayait à volonté. Ainsi le plateau de base tournait dans le vide, on plaçait l'aiguille, on testait au casque et hop, un petit bouton : instantanément – vraiment – le disque roulait quand on « embrayait ». Il me semble que ce système améliorait aussi, encore !, l'insensibilité aux vibrations mais je ne l'ai jamais eu à moi.

L'équilibrage du bras est très facile et précis : un contrepoids coulisse à l'arrière du bras et se fixe avec une vis moletée. La charge de l'aiguille et la compensation de la force centripète se fait en déplaçant le long d'une tige à encoches (tous les demi-grammes) deux petits poids d'un et quatre grammes, suspendus à une boucle de nylon. Un réglage plus fin de l'antiskating est possible en excentrant légèrement le contrepoids arrière.

C'est tout pour les perfectionnements technologiques… :D


Vue dépouillée du dessous :



Un couvercle en acrylique était vendu à part. Cassant. Les charnières (gonds sur lesquels s'emboîte le plastic) ne sont pas très souples. Je ne l'utilisais donc jamais lorsque les disques tournaient pour ne pas faire sauter l'aiguille.

Pas de préampli incorporé mais il y a toute la place pour en glisser un sous le châssis.

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Achat : Il semblerait qu'on en trouve fort aisément en Belgique, à très bon prix (< 100 €)… Sa simplicité et sa qualité (fabrication helvétique !) est gage de robustesse et je n'aurais aucune crainte à en acheter une de vingt ou trente ans… (Je comprends toutefois bien la différence de facilité et de confiance entre l'achat neuf ou d'occasion.)

Au cas où, veiller à la présence du capot, du couvre-plateau en caoutchouc, des deux poids (quoiqu'on puisse les remplacer chez un marchand d'articles pour pharmacies ou horlogerie), éventuellement du disque stroboscopique, du gabarit de découpe d'embase et de celui de positionnement de l'aiguille, et enfin au bon état des couteaux du bras.
Si tu veux le démarrage automatique, il faut chercher le kit ad hoc. Il y avait aussi une lampe adaptée…

Pour le transport :
— Retirer le plateau de fonte (pour ne pas fausser l'axe) et éventuellement le couvercle, en plastique très cassant et sensible aux solvants. En tout cas, il est prudent de le désengager des charnières ou d'éviter tout cisaillement, quitte à le fixer provisoirement avec un ruban de masquage.
— Ramener le contrepoids arrière contre la base (pour ne pas créer de porte-à-faux), fixer le bras à son étrier au moyen d'un petit lien, bien ranger les deux petits poids*…
— Serrer les vis de suspension du moteur, celles peintes en rouge.
* [H.S] De quelle couleur sont les petits pois ?
Les petits pois sont rouges… :D :P :D [/H.S]

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Plus d'infos ?
Avis Lenco L75-016 - AudioFanzine
Forum LS3/5a - (inaccessible pour le moment => lien vers la cache Google…)
Forum radiofil :: Voir le sujet - Platine ou tourne disque pour vinyle 16 tours/mn
diyAudio Forums - Lenco 75
Vinyl Asylum Plaidoyer vibrant pour les L-75, visant à démolir quelques idées reçues, et comparatif avec les platines anglaises Garrard – très appéciées Outre-Manche. Bidouilles pour faire son propre châssis.
Extrait :
You can wander through this forum at leisure - a true bullshit-free forum - and find that one fellow runs a Lenco L75 and a Garrard 401 (there goes that Dogma) together, both of which he rates against highly-regarded cult items (top-of-the-line and rare direct-drives far above the SL1200s).
[…]
the Lenco motor sits horizontally in a large metal cradle which is suspended by springs, this ingeniously turning upside-down the way things are done now: suspending the entire 'table so that it is isolated from the motor. The motor runs silently, at very high speed, and is machined to extreme Swiss tolerances: it is, along with the platter, the heart of the beast. The motor's gradually-machined spindle is also a work of engineering art, allowing absolutely spot-on perfect speed adjustments from below 16 rpm to above 78, making this a good 'table for every type of lp ever made. There is a lot of prejudice [! FAUX AMI ! =Préjugé] against this 'table even now in high-end shops in Europe: I wonder why? The platter was probably the heaviest made at the time of manufacture (quite wimpy compared to today's monsters, but substantial nevertheless), and I used to hear the high-end gurus talk about how the bearings were consequently ground to dust. I have never found a worn Lenco bearing, though I imagine that without periodic lubrication (I use a heavy-grade synthetic motor oil), this might happen. The bearing housing is quite flimsy, bronze with a simple zinc (?) thrust plate, but the bearing itself is superbly machined from hardened stainless steel, the kind of thing you have to pay thousands today to have included.

Photos sous toutes les coutures…

Pas sexy pour un sou, j'en suis néanmoins hyper content. Seul reproche : pas de relève-bras automatique – mais apparemment, il n'en va pas de même pour le modèle L-78, autrement identique.

écrit par Baron