J'ai découvert Charles Mingus gràce a b qui laisse toujours trainer ses 33 tours, je m'écoute actuellement l'album Mingus mingus mingus mingus mingus qui commence par un riff? de basse! enregistré à NY en 1963 et diffusé par Impulse!.

La fureur et le tourment ont été les marques de la vie personnelle de Charles Mingus et cette empreinte affecte notablement sa musique, aussi bien dans l'écriture que dans l'interprétation. Enregistré en 1963, cet album constitue comme beaucoup d'autres la démonstration de la rage de Mingus et en même temps son extraordinaire façon de la transcender musicalement. Son omniprésence sur cette basse volontiers agressive pour relancer une section de cuivres des plus acharnées sur des thèmes du leader n'oblitère en rien la beauté intrinsèque des compositions. Le profond travail dans l'interprétation des sections, aussi bien des saxophones que des cuivres, rend compte de l'attachement de Mingus pour une musique expressivement démesurée, et en même temps un profond respect pour la musique de son peuple. Ainsi l'interprétation presque religieuse du "Mood Indigo" d'Ellington. A entendre les unissons et la constante présence bassiste aligner les morceaux avec fougue et volubilité, on comprend l'aura qui permettait à Mingus de s'attacher ses musiciens qui lui seront presque indéfectibles et que l'on retrouve avec bonheur sur cet enregistrement tout dévoué à la sonorité de son inspirateur. Déjà, le titre est tout un programme.
Jean-Michel Schlosser