La lente descente
Il incarne un temps le mouvement psychédélique anglais: sa fraicheur d'inspiration, sa musique hantée par l'enfance (See Emily Play), son utilisation des boîtes d'écho, et plus tard son personnage proche de la schizophrénie font sensation.
Principal auteur et compositeur du premier album de Pink Floyd, ses contributions au second sont très limitées. Abusant de drogues diverses, mais surtout, initiateur des premiers tests de LSD. Arrivé en Angleterre, il crée grâce à son génie débridé une musique planante, qui sera baptisée musique psychédélique, à l'instar des premiers albums des Kinks ou des The Who.
Il souhaite de même, lors des concerts du Pink Floyd, projeter des films ou autres images sur le fond de la scène et permet aussi les premières utilisations de projections de lumières laser et autres fumées (qui feront par la suite la grandeur des spectacles du Pink Floyd).
Incompris face à ses problèmes d'addiction et incapable de prendre la mesure des premiers succès du groupe, Syd glisse petit à petit dans un état second qui va pousser les autres membres du Pink Floyd, en décalage, à l'écarter du groupe. Lors des concerts, Barrett est absent, ravagé par les hallucinations dues sans doute à des prises quasi-quotidiennes de LSD qui accentuent sa schizophrénie. À plusieurs occasions, il fait scandale. Lors d'un concert, juste avant d'aller sur scène, il s'enduit les cheveux de gel mélangé à des tablettes de tranquillisants. La mixture dégouline sur son visage sous l'effet de la chaleur des spots et donne l'impression qu'il se décompose.
Dans Jugband Blues, il signe une sorte de testament où il fait référence à son éviction du groupe (And I don't care if I'm nervous with you). L'enregistrement de cette chanson est surréaliste comme c'est souvent le cas lors des dernières interventions de Syd. Il fait venir à l'improviste plusieurs musiciens de l'Armée du Salut qui se produisaient dans la rue et leur demande de jouer ce qu'ils ont envie durant l'enregistrement.


L'après Pink Floyd
Ce sera son ami d'enfance David Gilmour qui prendra la relève, dans le groupe, dignement mais sur d'autres registres plus « straight » (au grand dam des afficionados du Pink Floyd psychédélique).
Syd enregistre un certain nombre d'albums solo dans les années qui suivent : The Madcap Laughs (1970) et Barrett (1971). David Gilmour, Roger Waters, et Rick Wright ne l'abandonnent pas et l'aident en produisant ses albums. Souvent, Syd arrive en studio sous l'emprise d'acides. Les prises sont aléatoires et Gilmour doit intervenir de temps en temps pour reprendre quelque prises inaudibles. Mais il ne retrouve pas pour autant le succès rencontré avec Pink Floyd. Le groupe lui rendra hommage en 1975 dans un album intitulé Wish You Were Here.
Les chansons de Barrett doivent beaucoup à la comptine; mais c'est sa façon de modeler la structure de la chanson par rapport à la longueur des paroles (Bike), son traitement inédit de la cassure harmonique, sa maîtrise du chaos (Apples And Oranges, qui semble toujours au bord de la décomposition mais tient bon) qui rendent son ton intriguant.

À l'écart des médias
Actuellement, Syd Barett vit dans la banlieue de Cambridge, est un passionné de jardinage mais il n'en demeure pas moins un mythe pour de nombreux fans. Il habite chez sa mère décédee il ya maintenant une dizaine d'années, et ne se souvient pas de sa contribution pour le Floyd ou du moins, il tente d'oublier ce passé douloureux. Certains journalistes ont tenté de l'approcher, en vain. David Gilmour a affirmé que Barett était dépressif, diabétique et qu'il évitait tout contact avec les gens qui pouvaient lui rappeler l'époque Pink Floyd.
Il restera pour certains, l'un des derniers artistes schizophrènes qui a su faire une croix sur la célébrité face à l'incompréhension du monde moderne. Pour d'autres, il est surtout le précurseur d'une musique nouvelle fortement influencée par le contexte de l'époque et les drogues. Les compositions de Barrett ont été les précurseurs de la musique dite psychédélique.
Après la «mort artistique» de Syd Barrett, les Pink Floyd s'orienteront au fur et à mesure vers un style plus épuré, en s'appuyant notamment sur le chanteur guitariste David Gilmour, en partie responsable de la mutation du groupe. Pink Floyd devient alors de plus en plus bicéphale, Gilmour et Waters remplacent dès lors Barrett qui monopolisait en effet la création artistique, la guitare et le chant.
Quelques groupes se réclament de Syd Barett notamment les TV Personnalities auteur de I know where Syd Barett lives, ou encore John Frusciante, le guitariste des Red Hot Chili Peppers qui mène en parrallèle une carrière solo prolifique.

Discographie
Avec Pink Floyd
11 mars 1967 : Arnold Layne (Barrett) / Candy And A Current Bun (Barrett)
16 juin 1967 : See Emily Play (Barrett) / Scarecrow (Barrett)
5 août 1967 : The Piper at the Gates of Dawn
18 novembre 1967 : Apples and Oranges (Barrett) / Paint Box (Richard Wright)
1967 : Flaming (Barrett) / The Gnome (Barrett)
29 juin 1968 : A Saucerful of Secrets

Œuvres en solo
14 novembre 1969 : Octopus / Golden hair (Barrett/Joyce)
Janvier 1970 : The Madcap Laughs
Novembre 1970 : Barrett
Septembre 1974 : Syd Barrett (reprise des deux précédents albums)
Février 1988 : Syd Barrett - The Peel Sessions
1988 : Opel
1993 : Crazy Diamond
1994 : Syd Barrett
1994 : Octopus


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