Qui sème le vent
Par JeffreyLeePierre, dans découvrez cette galette -# 408 - Fil RSS

Vous pouvez croire les critiques : c'est un bon album de Bob Dylan au XXIème siècle.
Ceux qui ont aimé Time Out Of Mind (au siècle dernier) l'aimeront.
Ceux qui trouvent que ses disques d'après Blonde On Blonde sont nazes (et éventuellement ceux d'avant aussi, gnarf !), c'est moins sûr.
Ceux qui sont assez bobos pour avoir aimé Compay Segundo ("miracle, y a encore d'la vie dans un musicien hors d'âge") devraient aussi l'aimer.
Ceux qui sont très Marylin Manson / Lady Gaga peuvent passer leur chemin sans glisser une oreille. Quoique. Ils pourraient se décider à changer de genre.
Mais pour un disque d'épiphanie Dylan, les néophytes se tourneront vers Blonde On Blonde, son meilleur album au XXème siècle. Quoique. Le son de Tempest est forcément plus dans les standards de mixage actuel, ça pourrait être moins choquant.
Le disque est un double album de 68 minutes, si j'en crois quelqu'un qui a regardé le timing sur sa platine CD vu que les temps ne sont pas indiqués sur la pochette. Autant que je sache, c'est devenu la norme de Dylan : il se plie à la durée du CD bien garni. Et ça fait un court double en LP.

C’est un harmonieux mélange de chansons blues/rock un peu amorties et de ballades un peu morbides.

Les blues/rock restent crédibles : ce n'est forcément plus la vivacité des équivalents des années 65-66, mais la voix devenue destroy à force d'être abimée leur donne un mordant qui les rend plus incisifs que quand Dylan lâchait ce genre de chansons dans ses albums des 70s ou 80s.
Les ballades sont somptueuses / chiantes [rayez la mention inutile après avoir écouté].
Certaines font dans le lancinant (deux ou trois accords répétés inlassablement, invariablement, lentement) et sont prenantes pourvu qu'on accepte de se laisser emporter par la voix. Avantage : on n'est pas obligé de comprendre ou suivre les paroles pour que ça fonctionne.
Les autres font dans la jolie mélodie, ce qui égaie et éclaire. Malgré des paroles plutôt noires de façon générale. C'est un des deux reproches que je ferais à ce disque. Quitte à être encore alive & kickin’, autant se réjouir un minimum. Mais Dylan a mal vieilli, comprenez qu'il se traine depuis la trentaine un fond de déprime perpétuelle. C'est en tous cas l'impression qu'il donne.
Quand même, il y en a une qui fait dans l'irlandais façon ballade des Pogues et elle envoie du petit bois. Laissez tomber ces conneries d’histoires de journalistes sur une chanson qui parle de Leo Di Caprio, c'est une chiée chanson-épopée dans la lignée d'un Desolation Row.

L'autre reproche, et le principal : pas une note d'harmonica !
Pourtant le Bob a encore assez de souffle pour faire de jolies choses en concert. Et il y avait largement de quoi caser deux/trois chorus voire un long solo. Par exemple sur l'irlanderie dont je causais précédemment.
Sinon, le son fait dans l’électrique soft et très boisé : la basse est une contrebasse, il y a un peu de banjo, un peu d’accordéon et un peu d’Hammond B3 Leslie-isé en plus des guitares électriques et pedal steel. Clean. Joué trop cool pour qu’on ose appeler ça « classic rock » (quelle horreur !). Par des types qui préfèrent accompagner une chanson plutôt qu’essayer de montrer qu’il leur reste de la vigueur. Ah oui : même si on enlève Dylan, l’âge moyen du groupe sent plus la maison de retraite que la crème anti-acné.
Tout cela fait un joli tapis pour la voix. Ne vous laissez pas impressionner par ce qu’on trouve de concerts récents sur le Tube. Si en concert le Bob aboie souvent ses vieilles chansons comme s’il ne s’entendait pas assez dans les retours, il sait se calmer en studio et moduler plus gentiment son bel et vieil organe. Et c’est souvent impressionnant.


Au final, je n’ai avec ce disque aucune des réticences qui me venaient avec Love And Theft (2001) ou Modern Times (2006). Au point de ne même pas écouter Together Through Life (2009).
Moralité : c'est le meilleur album de Bob Dylan au XXIème siècle.

C’est un harmonieux mélange de chansons blues/rock un peu amorties et de ballades un peu morbides.

Les blues/rock restent crédibles : ce n'est forcément plus la vivacité des équivalents des années 65-66, mais la voix devenue destroy à force d'être abimée leur donne un mordant qui les rend plus incisifs que quand Dylan lâchait ce genre de chansons dans ses albums des 70s ou 80s.
Les ballades sont somptueuses / chiantes [rayez la mention inutile après avoir écouté].
Certaines font dans le lancinant (deux ou trois accords répétés inlassablement, invariablement, lentement) et sont prenantes pourvu qu'on accepte de se laisser emporter par la voix. Avantage : on n'est pas obligé de comprendre ou suivre les paroles pour que ça fonctionne.
Les autres font dans la jolie mélodie, ce qui égaie et éclaire. Malgré des paroles plutôt noires de façon générale. C'est un des deux reproches que je ferais à ce disque. Quitte à être encore alive & kickin’, autant se réjouir un minimum. Mais Dylan a mal vieilli, comprenez qu'il se traine depuis la trentaine un fond de déprime perpétuelle. C'est en tous cas l'impression qu'il donne.
Quand même, il y en a une qui fait dans l'irlandais façon ballade des Pogues et elle envoie du petit bois. Laissez tomber ces conneries d’histoires de journalistes sur une chanson qui parle de Leo Di Caprio, c'est une chiée chanson-épopée dans la lignée d'un Desolation Row.

L'autre reproche, et le principal : pas une note d'harmonica !
Pourtant le Bob a encore assez de souffle pour faire de jolies choses en concert. Et il y avait largement de quoi caser deux/trois chorus voire un long solo. Par exemple sur l'irlanderie dont je causais précédemment.
Sinon, le son fait dans l’électrique soft et très boisé : la basse est une contrebasse, il y a un peu de banjo, un peu d’accordéon et un peu d’Hammond B3 Leslie-isé en plus des guitares électriques et pedal steel. Clean. Joué trop cool pour qu’on ose appeler ça « classic rock » (quelle horreur !). Par des types qui préfèrent accompagner une chanson plutôt qu’essayer de montrer qu’il leur reste de la vigueur. Ah oui : même si on enlève Dylan, l’âge moyen du groupe sent plus la maison de retraite que la crème anti-acné.
Tout cela fait un joli tapis pour la voix. Ne vous laissez pas impressionner par ce qu’on trouve de concerts récents sur le Tube. Si en concert le Bob aboie souvent ses vieilles chansons comme s’il ne s’entendait pas assez dans les retours, il sait se calmer en studio et moduler plus gentiment son bel et vieil organe. Et c’est souvent impressionnant.


Au final, je n’ai avec ce disque aucune des réticences qui me venaient avec Love And Theft (2001) ou Modern Times (2006). Au point de ne même pas écouter Together Through Life (2009).
Moralité : c'est le meilleur album de Bob Dylan au XXIème siècle.
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