A propos de punk californien, levons l'ambiguïté : la signification originelle du mot punk aux Etats-Unis est un adjectif qui peut signifier minable ou voyou. D'où le terme de punk music, appliqué à l'origine à des groupes trop loin du mainstream pour plaire aux majors et envisager de faire carrière. Qualificatif repris avec fierté par certains, avec le succès que l'on sait.



Tout cela pour dire que les genres musicaux variés de ce disque ne sont pas forcément contraires au qualificatif générique de punk californien.



Exemple avec les Weirdos, qui après le Life Of Crime très stoogien des compilations précédentes ont évolué vers un style plus rockabilly, représenté ici avec Jungle Rock, issu de leur premier EP publié chez BOMP! en 1979.



Et des retours aux sources, il y en a d'autres, avec un instrumental surf pur jus de Jon & The Nightriders (Surf Party) et le Cruisin' de Gene Vincent repris par The Zantees.



La jeune femme est Miriam Linna, ancien batteur des Cramps (entre Pam Balam, la sœur de Bryan Gregory, et Nick Knox), qui avait rejoint ce groupe de rockabilly plus straight avant de fonder un label. Elle a aussi tenu les baguettes pour un disque de Hasil Adkins et pour un disque de Moe Tucker. Le monde est petit !

Parmi les grands noms, on retrouve le Him Or Me des Flamin' Groovies, finalement l'un des deux titres à être sur les trois compilations, avec le Kerouac de Willie Loco Alexander.



Il y a aussi Iggy et les Stooges époque Williamson, avec un Tight Pants qui déchire. Lancé d'un tonitruant "Is everybody ready ?", un riff killer d'anthologie et des braillements "Hey hey hey" en ouverture de chaque phrase. La grande forme.



Il y a la postérité des Nerves : le Walking Out On Love des Breakaways, cette fois crédité à Paul Collins' Beat, groupe alors installé chez CBS ; et puis le splendide A Million Miles Away des Plimsouls, une merveille qui a signalé les Plimsouls à Geffen et au succès public (relatif). Comme c'est le titre qui ouvre le disque, cela fait quand même un démarrage pied au plancher.



Et puis, les débuts de Jonathan Richman & the Modern Lovers. Vous connaissez l'histoire : c'est la première mouture du groupe, avec un futur Talking Heads, un futur Cars et le futur bassiste d'Elliott Murphy (entre autres). Celle qui a enregistré en 1973 un disque produit par John Cale pour Warner, lequel n'est jamais sorti parce que le groupe avait splitté avant. Le disque sortira finalement chez Beserkley en 1976, après la sortie du premier disque de la seconde mouture (celle avec laquelle le charme bucolique citadin de Jonathan Richman éclatera enfin).
Mais la première mouture du groupe avait aussi réalisé des démos produites par Kim Fowley (tiens, le re-voilà : il y a toujours une production Kim Fowley sur un sampler BOMP!). Bêtement oubliée par John Cale, la fabuleuse I wanna sleep in your arms est sortie des limbes quand BOMP! a publié en 1981 les démos sous le nom des Original Modern Lovers. Riff stoogien, basse rebondissante, voix détachée juste comme il faut, solo minimal. Elle est parfaite de bout en bout.

Il y a une autre pépite : Johnny Are You Queer, de Josie Cotton.



Cette jolie fille aurait dû faire un carton avec cette chanson Power Pop écrite comme un standard Girls Group des 60's. Il y a des paroles à se rouler par terre, des chœurs aériens, une montée d'un ton pour lancer la fin, un passage parlé, une fin en coda ad lib. Tout, elle a tout ! Josie Cotton a quand même fait quelques albums chez Elektra, mais aurait mérité de crever le plafond, autant que Joan Jett, et d'ailleurs elle est bien plus belle…



Alors, entre les lignes, ce disque raconte une histoire : rêverie adolescente (Tell it to Carrie, la merveilleuse chanson des Romantics déjà présente sur le sampler anglais et encore ici) ; provocation féminine (Johnny are you queer) ; réaction de fierté mâle érotique (I wanna sleep in you arms) ; pour finir ensuite par le dédain déçu (I wanna forget you).

Stiv Bators a été porté par BOMP! pendant sa période entre les Dead Boys et les Lords of the New Church. Les notes de pochette racontent un épisode croustillant de l'enregistrement de la chanson I wanna forget you :



Voilà : c'est comme ça qu'on enregistre du rock'n'roll, pas avec un Auto Tune.


Pour finir, le label BOMP! existe encore et est toujours engagé sur le même créneau (credo) : donner leur chance aux talents dont les majors ne veulent pas.



Plus récemment, il a accompagné les débuts de la génération Warlocks, Dandy Wharols, Brian Jonestown Massacre.
Il vend des vinyls et CD sur internet, dont une réédition LP limitée du Best of BOMP! Vol.1 présenté dans un autre billet.