Greg Shaw éditait depuis des années un fanzine sur le rock garage (BOMP! sera aussi à l'origine des compilations Pebbles) quand Cyril Jordan lui amène les bandes enregistrées chez Dave Edmunds par la nouvelle mouture du groupe avec Chris Wilson, après le départ de Roy Loney. Les Flamin' Groovies rament pour trouver une maison de disque, c'est le déclencheur : Greg Shaw crée le label pour sortir en single You Tore Me Down (qu'on retrouvera sur Shake Some Action, finalement publié après avoir enfin atterri chez Sire) et leur fait enregistrer Him Or Me pour la face B, une reprise de Paul Revere. La chanson est dans leur nouvelle manière, plus pop. C'est le premier disque BOMP! n° 101, sorti en Janvier 1975.



Avant, on a pu entendre les 20/20 et leur joli Giving It All, une chanson pop avec guitare en avant, straight jusque dans le pont.

Sur cette compilation, on trouve aussi les singles suivants n°102, 103 et 104. Dans le désordre.
The Poppees sont une découverte BOMP! et font une pop plus mersey tu meurs, mais à L.A. en 1975. C'est hallucinant, surtout les choeurs.

Avec The Wackers, on durcit un peu le ton. Le groupe de la première moitié des seventies a déjà splitté quand Greg Shaw récupère des bandes de l'année précédente pour sortir son BOMP! n°102, mais ça valait le coup : la chanson évoque davantage Teenage Head, avec une double attaque de guitares dont l'une glisse des arpèges. Vers la fin, on pense davantage aux Beatles de 67 : il y a un Ah-ah-ah qui évoque le Walrus et une coda finale plutôt psychédélique.

Et puis The Choir, encore une récup (fin sixties, celle-là). Une mélodie façon pop du Frisco hippie, avec guitares sonnantes et choeurs byrdsiens.

Le tout finit par faire une identité : pop garage, toutes guitares devant, nimbée d'écho.

On continue avec Jingle Jangle par The Rockfield Chorale, enregistrée par la bande de Dave Edmunds. Comme son nom l'indique, puisque ce dernier avait son studio à Rockfield. C'est frais, charmant, un vrai single de Noël comme tout vrai label se doit d'en avoir, avec le son de l'époque où Dave Edmunds réinventait un classicisme rock'n'roll au fin fond du Pays de Galles.

Changement d'ambiance, avec ce grand malade de Kim Fowley, qui produit Venus & The Razorblades. Le tempo se fait lourd, la lead menaçante, les voix malsaines. This... is Punk-a-Rama ! Avec un passage parlé, qui revendique leurs influences : The New York Dolls started it all... CBGB... Patti Smith and the Ramones... Sex Pistols... et une fin avec le tempo qui accélère sur un solo fuzz.



La seconde face est placée sous haut patronage d'Iggy & The Stooges, qui l'ouvre avec I Got A Right et la clôt avec Gimme Some Skin. Ce sont des démos des Stooges de 1973, avec James Williamson, ceux de Raw Power. Le son est plus soft que sur le disque, mais les tempos plus rapides, et l'Ig très en forme. Deux inédits de Raw Power, ça ne se refuse pas. BOMP! a dû les récupérer quand ils ont sorti Kill City en 1977, des enregistrements de 1975 faits alors que l'Ig était au plus bas : plus de maison de disques, séjours en HP pour décrocher, tout cela peu avant que Bowie ne le ressuscite en lui faisant enregistrer The Idiot.

Il y a ensuite I.R.T., une home demo tape de Snatch (la gracieuse Patti Palladin et sa copie Judy Nylon, exilées au UK). Elle a de la tenue, avec seulement deux guitares et les voix. Plus tard, Patti deviendra pote avec Johnny Thunders et enregistrera avec lui des duos restés fameux.

Puis les Weirdos, groupe punk majeur de L.A. (Hein ? Bon, OK, "mineur"), qui font plus dans le genre rock américain dur lo-fi que dans le punk façon Dead Kennedys.

Un peu perdu au milieu de tout ça, mais grand moment : le Kerouac de Willie "Loco" Alexander & The Boom Boom Band. Willie Alexander avait rejoint fugitivement la débandade du Velvet Underground en 1972, avant de se replier sur son Boston d'origine. Cette chanson est parfaite, son ambiance évoque un peu Loaded, elle est charpentée par des arpèges de piano, une basse en avant, et un violon aigre anime la fin.

On rejoint enfin la scène punk angeleno originelle de 1977 / 78, soutenue par BOMP!, qui faisait d'ailleurs plus dans le garage punk que dans le brutal.
Le Tomorrow Night des Shoes se rapproche de la face 1 : garage pop byrdsienne, avec juste un pont plus dur.

The Zeros, les "Ramones de L.A.", rappellent plutôt les Stooges du premier album avec leur Wimp : un riff basique lourd, le chanteur qui braille façon parlé/craché sur les couplets et chanté/laché sur les refrains, en moins puissant qu'Iggy malheureusement.

Et DMZ avec Busy Man : les couplets sont plutôt Stooges (un riff rapide comme celui de la chanson 1969), les refrains évoquent plutôt les New York Dolls (un plan rock'n'roll basique joué de la même façon un peu lourde), et sur les ponts une voix qui tombe façon Johnny Thunders. Joli assemblage.

Et voilà résumés sur cette galette les début du label BOMP!, placés sous le double signe bénéfique des Flamin' Groovies et des Stooges, et lançant la nouvelle scène de L.A. d'où allaient sortir tant de belles choses.

Vous en voulez davantage ? Alors, comme on dit : le suite au prochain numéro ...