Certes, le premier Violent Femmes est un disque choc, du genre "révélation par un chef d'oeuvre" qui caractérise une partie des grands du rock (Doors, Velvet Underground, Clash, ...). Et souvent le second est jugé en retrait.

Mais Hallowed Ground est plus varié, plus subtil, et finalement un plus grand disque. De façon générale, il est plus calme (probablement ce qui a déçu, à l'époque, les ravis d'avoir trouvé une nouvelle troupe d'agités), mais plus attachant aussi.

Et puis la pochette ? Superbe, j'en aurais fait un tee-shirt mais je ne voulais pas faire peur à ma maman...


Sur la petite photo en haut à gauche du verso, nos trois amis figurent une sorte de Band (vêtements rustique dans la froide amérique hivernale) en plus hipsters (un rien dans leurs attitudes et quelques détails vestimentaires).



Et justement, country death song reprend la "Grande Histoire de la Musique Folk Américaine" là où Dylan l'avait laissée avec Ballad of Hollis Brown. Une triste et lamentable histoire, portée par une lancinante ligne de basse. La gravité de cette chanson montre d'emblée la maturité acquise dans l'écriture et une plus grande rigueur dans l'interprétation. Les chiens fous sont devenus des artistes accomplis, mais le grain de folie est resté (écoutez les paroles) !

i hear the rain (avec son celeste, genre de vibraphone) et jesus walking on the water (avec son ironie) montrent une nouvelle facette du groupe : des chansons légères, entrainantes et qui swinguent.

Intercalée, never tell la joue grand oeuvre, et est ce qui se rapproche le plus du premier disque. On y retrouve notamment le chant déchiré de Gordon Gano. Mais c'est finalement moins bien, parce que moins punchy.

Et la face 1 se clôt par une ballade déchirante, jouée avec une économie de moyens remarquable : i know it's true but i'm sorry to say. Un des grands moments de ce disque, simplement de toute beauté. Rien que pour celle-là, Hallowed Ground mérite sa place au panthéon.



Piano pour hallowed ground (la chanson), ballade up-tempo, et encore une réussite. Ecrite comme un standard du genre, jouée comme dans un rêve. Ici comme sur tout le disque d'ailleurs, la virtuosité de ces instrumentistes hors pairs se met complètement au service des chansons, et ça s'entend. Suivie par sweet misery blues, autre ballade, genre "chialons un coup" mais désabusée quand même. Pas jouée au premier degré, quoi.

Réveil ! black girls envoie la sauce, avec une impression de sauvagerie méchante qui dépasse ce qu'on avait entendu sur le premier. Et on termine avec it's gonna rain, dans la veine des chansons légère pour se quitter sur une touche plus joyeuse. Quoique les paroles...


Voilà, il y a dans ce disque une collection de grandes et belles chansons, une ambiance où les idées de nos lascars ont plus d'espace pour se développer. Et ils en ont fait un grand disque de la belle musique américaine qu'on aime tant, celle qui puise aux racines folk, country, gospel et blues en les réactualisant pour les dépasser.

Bon, maintenant, quand on est une joyeuse bande de chauds bourrés et qu'on veut envoyer la patate pour s'faire une teuf d'la mort, je dis pas qu'il ne faut pas préférer le premier...