Ce qu'on ne voit pas sur la photo, c'est qu'il s'agit d'un 25 cm, avec 8 à 9 minutes par face.



Premier son lancé à la postérité, en intro de Golden Clouds : une déflagration saturée criarde. Joli début, belle mentalité !
Et un rock up tempo porté par une section rythmique déjà impeccable, avec aussi des arpèges presque rockab'. Plus une lead très saturée, donc.

Les Groovies, c'est bien sûr la seconde génération américaine, celle réveillée par les Beatles, mais c'est le niveau 2 : ceux qui ont surtout craqué sur le British Blues Boom. Un peu comme si les Stones en étaient restés aux Yardbirds, avec en plus un côté rude, roots, dont seuls sont capables les natifs de la terre originelle du blues.

Quels traces de psychédélisme aussi (The Slide), c'est quand même Frisco Bay en 1968. Mais plus côté Chocolate Watch Band que Airplane ou Dead. Globalement, le son classique des Groovies est déjà posé dès ce premier coup de maitres.

Bon, y a quand même une nazerie, Prelude in a flat to afternoon of a pud, mais elle a le mérite de ne durer que 1'22.

En ouverture de la face 2, I'm Drowning est impec : le son (bien sûr), la composition (un peu de pop sur une base très rock'n'roll), les voix un peu Beatles. Une vraie grande chanson des Groovies, déjà.

Babes in the sky : oubliez tout ce qu'on vous a bassiné avec Grams Parsons, ce sont les Groovies les vrais inventeurs du country rock. Non ? Bon, OK, c'est Elvis. Sans doutes une de leurs influences majeures, d'ailleurs, à qui ils rendront plus tard un hommage rigolard avec le Evil Hearted Ada de Teenage Head.

Ensuite, une petite faiblesse au ventre mou de la seconde face (Love Time), avant la fin en fanfare avec My Yada, une irrésistible craignosserie rockab' speedée et frisco-isée.

Bilan : 2 pépites (Golden Clouds, I'm Drowning) et un solide Frisco blues un peu psychédélique (The slide). Pas mal en 17 minutes. Déjà de quoi passer à la postérité.
D'ailleurs, ils signent chez CBS / Epic pour le second. Mais c'est une autre histoire...