D'abord, faut dire que c'est du sans filet : elle y joue de tout toute seule (voix, batterie, guitares rythmique et lead, basse, saxo alto, synthé, harmonica, tambourin, "gato drum" ?), elle a arrangé et produit, dans les studios Trash Records à Phoenix, Arizona (?). C'est distribué par Rough Trade en 1982.
Elle y reprend du Bo Diddley, du Chuck Berry, du Little Richard (Slippin' and Slidin', deux fois sur le même disque, une par face), du Bob Dylan (I'll be your baby tonight, 8 ans avant UB40), du Vivaldi (Concerto en Ré majeur), Louie Louie, et puis Heroin quand même. Aussi, elle a écrit une chanson : Ellas, dédicacée à Bo Diddley.



Lancement avec Bo Diddley (la chanson). Ouille.
Déjà, un beat façon Velvet, aucun swing. Sur de la musique noire, ça fait drôle. Ensuite les guitares sont limites accordées. La voix est nulle, l'air de venir de très loin, un peu braillée, sans expressivité, rien à voir avec ce qui faisait le charme des deux chansons sus-citées du Velvet. On dirait une bande de Krishnas dans la rue, qui font des boum-boums avec plein de trucs grésillants et chantonnent un peu faux leurs mantras.
Naze.

Heroin. La guitare commence, scolaire. Au début, la voix chantonne, et ça rappelle de bons souvenirs (toujours les deux chansons...). Bon, la batterie (que de la grosse caisse) est impec sur l'accélération. Normal. La voix se fait plus ferme, moins bien. Y a aussi une douce lead over-flangée tout du long, et quelques grésillements (un kazoo lointain, non crédité ?).
Plutôt une réussite, un peu grâce au capital sympathie de la p'tite dame. Mais jamais ça décolle.
Longuet.

Slippin' and Slidin' (1), très ralentie. Basée sur une seule guitare, saturée crunchy mais pas accordée. La voix serait pas mal, sinon. Mais bon, ça fait amateur pas inspiré. Et c'est pas le solo d'harmonica qui améliore les choses.
Génant.

I'll be your baby tonight. Là, ça part dans tous les sens : guitare aigrelette (limite accordée), basse bizarre (genre balloche molle, trop sourde, pas accordée avec le reste), soufflements de saxo, une autre guitare qui essaie vaguement de riffer (avec le même son que la première). Même la voix dérape. Faut dire, dans ce merdier.
Allez, soyons bon : surréaliste.

Louie Louie. Tu sais quoi ? La guitare n'est pas accordée !
La batterie est tristement classique (Maureen, meeeeerde). La voix, scolaire. Le solo de saxo n'apporte rien.
Un n-ième massacre, c'est dur la vie d'un standard.
Ah si, y a un couplet presque entraînant après le solo. On pressent que ce disque aurait pu être une réussite.

Slippin and Slidin' (2), introduite par une guitare à la Bryan Gregory. Mais lui jouait accordé. Le tempo est un peu plus rapide que celle de la première face, mais reste lent. La batterie commence à ressembler à quelque chose, ça a failli retrouver le groove du Velvet, sauf que les guitares sont trop nulles.
Mettons que c'est de l'art.
Concerto in D Major, je ne suis pas sûr qu'un amateur de Vivaldi reconnaîtrait. Principalement monophonique sur une seule corde d'une électrique (au moins, elle n'a pas besoin d'être accordée), avec un tambourin très reverbé. A mi-parcours, il y a une accoustique qui fait des accompagnements en accords.
Aucun intérêt.

Around and Around est lancée comme du Velvet joué par les Krishnas de tout à l'heure. On a du mal à reconnaître la chanson, même s'il y a une rythmique accordée (oui !) qui joue des contre-temps. Aussi, un solo comme Lou Reed quand il avait 12 ans.
Réveille-toi Chuck, ils sont devenus fous !

Ellas (écrite par Maureen Tucker, donc). Le son de la guitare d'intro rappelle un son du Velvet : beaucoup de reverb, un Bo Diddley beat joué un peu lent sur les cordes graves, une descente d'accords de temps en temps.
.../...
Et ben voilà, y avait que ça pendant 5'57.
Sterling Morrison à 6 ans ?


Hummm, on va dire que c'est un collector.