Les Cinglés de la Galette

Mes premières galettes depuis… plus de 20 ans !!! Et oui, plus de 20 ans que je n’avais pas acheté une galette, je ne sais même plus à combien de temps ça remonte exactement, c’est dire !!!
Alors voilà, je ne suis pas un fan de vinyles au sens pur du terme - je mesure bien ici le risque que je prends en écrivant ces lignes, oh sacrilège ! :-D - je serais même plutôt pour le tout numérique du moins pour la sauvegarde des albums et pour avoir tout sous la main (In iPod I trust!), encore que s’il fallait revenir en arrière, en tant que pianiste amateur, alors je remonterais bien jusqu’aux pianos rolls joués sur les fameux pianos mécanique à système pneumatique du début du XXème siècle !
Mais les Cinglés de la Galette sont passés par là. Oui, les Cinglés de la Galette !

* « Moi, j’aime la Galette
Son forum, son blog ses articles,
Et ses membres qui parfois tremblottent,
Quand ils voient des vinyles et des clean pochettes… »

Vous aurez tous reconnu une petite et bien modeste référence à la célèbre émission de Jean-Christophe Averty, « Les Cinglés du music-hall » qui passait il y a encore peu sur les ondes et France Culture en particulier (jusqu’en 2006) avant que de sombres incultes (pour ne pas dire plus) ne la passe à la trappe…

Les Cinglés de la Galette, oui, je veux parler de cette joyeuse bande de fétichistes du vinyle, chinant et s’échinant tous les week-ends, se levant à des heures pas possibles en direction des foires et vide-greniers alentours de leur domicile le dimanche matin afin de trouver de rares et précieux sésames, et ce pendant que d’autres font honteusement des grasses matinées ; les Cinglés de la Galette, ces passionnés s’il en est qui animent ce site et forum ô combien convivial avec humour depuis plus de 2 ans maintenant ; les Cinglés de la Galette, ces bons-vivants qui sortent des sentiers battus et organisent régulièrement des rencontres hors web, les Cinglés de la Galette, enfin, qui m’ont redonné le goût d’écouter des vinyles, pour de vrai !
Bon, le côté pratique de la chose n’est pas gagné parce que mon ensemble HiFi, composé entre autres d’une platine DUAL, d’un ampli AKAI et de bonnes enceintes 3A à 3 voies (références à venir), minutieusement choisi et acheté en éléments séparés à l’époque (fin 70 début 1980) n’est pas en Guadeloupe, que les aller-retours vers la métropole ne sont plus très fréquents et que ramener tout ça sur l’île aux belles eaux est impensable aujourd’hui, de même que le transport de la cent cinquantaine de vinyles 33 tours que je possède n’est pas facile en avion ou en fret. Mais le virus à commencer à faire son effet, définitivement.
Fan de ragtime et de dixieland, mon objectif était au départ de trouver quelques vieux vinyles des Haricots Rouges (mythique groupe de jazz français qui a traversé les époques et qui existe toujours ! http://www.lesharicotsrouges.com/ ) et de ragtime n’ayant pas été réédités en CD afin de les numériser. A ce titre, je ne compte pas les nombreuses galettes récupérées depuis deux ans par Grognon dans le cadre des accords de Montparnasse** « Ragtime / Père Labat », galettes que j’ai enfin pu tenir en mains propres en janvier 2008, et donc échangées contre de précieuses liquiditées à 59°, qui sont maintenant soigneusement rangées en Creuse. – les galettes, pas les liquiditées ! :-D ;-) . C’était une façon pour moi de me remettre dedans mais sans y être complètement.

Et puis, la semaine dernière, en effectuant une banale recherche sur eBay, je suis tombé sur ça, et là j’ai commencé à halluciner :


Je dois avoir plus de 250 CDs de ragtime / jazz, de nombreux livres français et US sur le sujet, une bonne demi-douzaine d’intégrales de Joplin et autres, le maître incontesté du Ragtime, jouées par divers jazzmen, pianistes et orchestres, mais ce truc m’est totalement inconnu au bataillon ! En fait, je me rends compte que j’ai très peu de références en vinyles ! C’est une sorte de « tribute to Joplin » avec des grosses pointures, sur son morceau sans doute le plus connu : « Maple Leaf Rag ». Je vous vois venir, mais non, ce n’est pas celui que vous croyez ! :-P C’était en tout cas le plus connu avant la sortie du film l’Arnaque en 1973 et sa bande originale illustrée par les morceaux de Joplin, magnifiés par les superbes arrangements de Marvin Hamlish. Il faut savoir que ce film a énormément contribué à faire renaître le ragtime de ces cendres dans les années 70 avec « The Entertainer », que tout le monde a entendu au moins une fois dans sa vie, sans savoir peut-être qui avait composé ce morceau en 1902 (« ah oui, la musique de l’Arnaque ! »). A noter que j’ai même entendu cet air chanté par des supporters de foot dans certains stades avec des paroles à la gloire de leur équipe favorite et cela était tout à fait bon enfant et sympathique ! Là je me dis que ce tribute to The Maple Leaf Rag de Joplin est une perle énorme aux regard des contributeurs :

  • Jelly Roll Morton - St. Louis Style (1938)
  • Jelly Roll Morton - New Orleans Style (1938)
  • Willie The Lion Smith (1957)
  • James P. Johnson (1946)
  • Eubie Blake (1969)
  • Vess L. Ossman w. Prince's Band (1907)
  • W. C. Handy Orchestra (1917)
  • Bechet's New Orleans Feetwarmers (1932)
  • Earl Hines & Orchestra (1934)
  • Tommy Dorsey & Orchestra (1936)
  • Willie Eckstein (1923)
  • Hank Duncan (1944)
  • Paul Lingle (1958)
  • Don Ewell (1949)
  • Ralph Sutton w. Condon's Band (1950)

Chemin faisant, je découvre cet incroyable label « Herwin » des années 20 qui a eu une courte existence. Crée par les frères Herbert et Edwin Schiele (Herwin provenant de la contraction de leurs 2 prénoms) à Saint Louis dans le Missouri en 1924, Herwin a produit nombres de disques de jazz jusqu’en 1930. Dans les années 60, ce label a été résuscité par le collectionneur Bernard Klatzko afin de rééditer de vieux enregistrements de la fameuse « Library of Congress » américaine, de redécouvrir des musiciens de blues, et surtout de resortir des enregistrements historiques de jazz, blues et ragtime ! (sources http://www.wirz.de/music/herwifrm.htm, et Wikipedia http://en.wikipedia.org/wiki/Herwin_Records ). La série de numérotation 400 dans le catalogue Herwin des années 70 est d’ailleurs consacrée exclusivement au ragtime, qui d’après le site précédent, compterait six enregistrements sur 33 tours. Il me les faut !!! :D

Ni une ni deux (ni même trois !), je me renseigne auprès du vendeur sur la qualité du disque, les frais d’envoi, le type de packaging, etc. Le disque est NM et la couverture VG+. L’inconvénient avec eBay est souvent des frais d’envois internationaux très importants, mais avec la conversion $ / €, on s’y retrouve quand même un peu ! Le vendeur à l’air sérieux, et les feed-backs vont dans ce sens même s’il faut toujours être méfiant à ce sujet. De toute façon, je n’ai pas trop le choix !
Avant de me lancer dans les enchères, je souffle 5 secondes et reprends mes esprits, et je fais une autre recherche sur le web qui m’amène directement sur le site CDandLP. Incroyable ! Le disque est également référencé chez un vendeur, français de surcroît, et ce pour 10 euros, mais malheureusement en qualité VG pour le vinyle, ce qui me rend plutôt pessimiste sur son état réel, les vendeurs ayant parfois une légère tendance à surcôter la qualité réelle des disques sur ce site. Bref, ma priorité va pour l’exemplaire d’eBay.

Au passage, je découvre aussi sur CDandLP la référence Herwin 402, « Red Onion Rag, Piano Ragtime of the Teens, Twenties & Thirties volume 1 », état M/M, vendu à 12,70 euros chez un vendeur US, que je m’empresse de commander, ne l’ayant vu nulle part ailleurs sur le web ! C’est en fait cet album qui sera donc mon 1er achat depuis plus de 20 ans !!! ;-)



Mais revenons à nos moutons et à l’enchère à venir sur eBay. Je calcule rapidement combien je suis prêt à y mettre, j’attends le dernier jour pour me lancer sur les enchères, scrutant quand même son avancement chaque jour, puis le dernier jour toutes les heures et minutes, parce que, problème, il y a des intéressés (les salauds ! :D). L’enchère ayant un prix de réserve, je me dit que le vendeur en veut sans doute, allez, entre 25 et 50 dollars peut-être.
En comptant les frais d’envois de plus de 23 dollars, je me fixe la barre maximale des 50 euros (soit 80 dollars) car c’est vraiment un disque qui semble extrêment rare, surtout pour cette qualité, et qui m’intéresse au plus haut point. Je démarre à 15 dollars, j’enchéris 2 fois, me fait passer devant, j’écourte même ma sieste post-prandiale de peur de me réveiller trop tard, mais à 41 €, arf, le prix de réserve n’est toujours pas atteint. Il reste peu de temps. J’arrive à griller tout le monde avec une mise de 50 $ - l’enchère étant en fait à 42 $ à quelques secondes de la fin, parce que le prix de réserve n’est toujours pas atteint. Sur le fil, je mise encore 61 $ dépassant au passage la limite que je m’étais fixée :-D, mais hélas c’est encore insuffisant. Là ça commençait quand même à faire cher !
La mort dans l’âme, sans recontacter et attendre peut-être que le vendeur d’eBay baisse son prix de réserve s’il remet le disque en vente, ce qu’il ne semble pas faire dans les heures qui suivent, je décide finalement de commander l’exemplaire sur CDandLP avec livraison en métropole, de peur qu’il ne m’échappe complètement, en espérant bien sûr que la qualité sera quand même au rendez-vous… Une semaine plus tard, la précieuse galette est bien arrivée et semble en bon état, dans l’attente d’une écoute ! :-)

Voilà, un label et des affaires à suivre donc, et un grand merci aux galetteurs et à Grognon en particulier !!! :-)



* Refrain à chanter sur l’air des Cinglés du music-hall de Charles Trenet… ;-)
 ** L’origine de ce lieu improbable scellant cet accord purement vinyliquide renvoie en fait à une rencontre commune gwado-réunionno-berrychonno-parisienne également improbable, l’espace d’une vingtaine de minutes à la gare Montparnasse avec 2 autres membres de MacBidouille, l’une – la parisienne –, spécialiste de lettres et future hongroise étant d’ailleurs membre de ce forum, et l’autre – le réunionnais –, musicien tubariumé alémanique ! ;-)