Référence : 3036
Label : Atco (Série Underground volume 2)
Pressage : France
Année : 1969
Production : Adrian Barber
Personnel : Mark Stein (claviers, chant), Carmine Appice (batterie), Tim Bogert (basse), Vince Martell (guitare).

Vanilla Fudge, ce sont cinq albums publiés entre 1967 et 1970 (j'ai rarement l'habitude de m'attarder sur les inévitables reformations post-fiscales… comme celle de 1984 ou, plus récemment, celle qui devrait déboucher sur un nouvel album en 2007). Un feu de paille mais ce n'était pas forcément de la paille en vente libre. Comment classer ce groupe ? Parler de heavy metal psychédélique comme on le voit souvent est bien réducteur à mon goût… J'avoue que je ne connais aucun autre groupe ayant ce son particulier. Je me contenterai donc de vous dire d'écouter et de choisir ensuite votre propre définition !
Pour vous donner un indice quand même, c'est Carmine Appice qui mit John Bonham en contact avec Ludwig (le fabricant de batteries, pas le musicien sourd – suivez un peu quand même…). Le batteur du tout nouveau dirigeable choisit le même set que son copain avec sa monstrueuse grosse caisse de 26" (il y en avait même deux au départ ! ce qui fit dire à John Paul Jones : « Qu'est-ce que je vais jouer à la basse moi, si t'as deux grosses caisses ? »). Aujourd'hui, on serait tenté de dire qu'on retrouve du John Bonham dans le jeu de Carmine Appice sauf qu'il s'agit du contraire ! Mais, comme toujours quand « l'élève » dépasse le « maître », Carmine le digérera mal et deviendra de plus en plus aigri au fil du temps lorsqu'on abordera le sujet avec lui… La fameuse tournée de 1969 au cours de laquelle Led Zeppelin – remplaçant en première partie et au pied levé le Jeff Beck's group forfait – vola la vedette aux têtes d'affiche (certains groupes refusant même de monter sur scène après leur prestation qui pouvait durer jusqu'à 4 heures !) y est certainement pour beaucoup. Parmi ces groupes passant de la tête d'affiche au second plan : Iron Butterfly, Jethro Tull,… et Vanilla Fudge. Ceci expliquant sans doute cela !
Après leur séparation, les membres de Vanilla Fudge continuèrent pourtant à faire parler d'eux. Et pas qu'un peu ! A l'image de Tim Bogert et de Carmine Appice que l'on retrouvera dans le fabuleux Cactus puis, peu après, dans le non moins fabuleux power trio Beck/Bogert/Appice !

Face A
  1. Need love : Batterie énorme. Orgue furieux. Basse métronomique. Guitare rageuse. Voix qui se fait sa place dans ce maelström sonore. Peut-être le meilleur morceau de Vanilla Fudge. Si après ça vous ne comprenez toujours pas le titre de l'album, faut consulter !
  2. Lord in my country : Un démarrage tout en finesse (on se croirait presque sur un titre de Trafic !). Un break tout en syncope. Une montée en puissance avec des chœurs de plus en plus présents. Entre le gospel-rock et le blues-pilleur de tronc !
  3. I can't make it alone : Un petit break orgue-batterie, une nappe d'orgue avec quelques arpèges de guitare, une voix 70 au possible, des petits chœurs cucul comme tout. Et paf (le chien), d'un seul coup d'un seul on se retrouve embringué encore une fois dans dans une ambiance sonore inimitable…
  4. Street walking woman : A l'heure des power rock trio, Vanilla faisait dans le power rock quator mais n'oubliait pas les plages plus calmes (bon, il ne faut quand même pas trop compter sur eux pour les berceuses hein, tout est relatif). Mais la richesse musicale du groupe est mise en avant sur ce titre qui alterne moments rageurs et breaks planants. La fin de ce morceau est tout simplement énormissime. Un titre absolument indispensable !!!

Face B
  1. Church bells of St. Martin : Non non, vous ne vous êtes pas trompé de disque, c'est bien la face 2 du même album. Une intro digne d'un générique de la BBC. Et puis on se retrouve dans un espèce de rock psyché symphonique queenesque (queenien ? queenelingus ?) avant l'heure. Tiens, les cloches sonnent, c'est l'heure de mes pilules vertes…
  2. The Windmills of your mind : Si je vous dis que ces gaziers là sont capables de faire une reprise d'un titre de Michel Legrand, vous me croyez ? Non ? Perdu ! C'est bien mal les connaître…
  3. If you gotta make a fool of somebody : Encore une reprise. De Rudy Clark cette fois. Un titre repris également par Aretha Franklin la même année (pas tout à fait dans le même style cependant !).

Bon, il faut être honnête : ce quatrième album est inégal. La face A est du pur power rock mais avec un son que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. Un truc à vous faire digérer deux réveillons en 20 minutes chrono ! La face B est plus expérimentale dirons-nous. Une voie que le groupe n'a jamais hésité à emprunter et ce dès son premier album (j'y reviendrai sur cet album de 1967 constitué uniquement de reprises aussi improbables que réussies, des Beatles à Curtis Mayfield en passant par Sonny Bono !). Mais de toute façon, cette face A excuse tout. Elle est fabuleuse, tout simplement. Et puis, profitez-en, les prix de leurs albums sont tellement peu élevés qu'il serait totalement incompréhensible que vous en priviez votre discothèque seventies !