Référence : STS 2035
Label : Stax
Pressage : US
Année : 1971
Production : Booker T. & The M.G.'s
Personnel : Booker T. Jones (claviers), Steve Cropper (guitare), Donald "Duck" Dunn (basse), Al Jackson Jr. (batterie), The Pepper singers and Ernie Bernhardt (chœurs).

Que dire qui n'a déjà été dit sur ce groupe, cet album et ce label ? (faut aimer se mettre la pression quand même pour débuter avec ce genre de phrase…)
On va commencer par les M.G.'s (signifiant Memphis group). Ce ne sont pas des rigolos les gaziers. Steve Cropper et Donald "Duck" Dunn ont fait partie des Mar-Keys, un groupe de studio créé en 1958 et composé de musiciens blancs qui ne juraient que par la musique noire. Le batteur noir Al Jackson Jr. fut recruté en 1962 lors de la création des M.G.'s. Mais, lors de la création des M.G.'s, c'est Lee Steinberg qui tenait la basse, parfois remplacé par Donald "Duck" Dunn qui n'intégrera officiellement le groupe qu'en 1965. Il faut d'ailleurs avouer qu'il est quasiment impossible de s'y retrouver pour savoir qui joue avec qui dans ces années folles Stax. Les chanteurs vedettes (Otis Redding, Sam & Dave, Eddie Floyd…) sont accompagnés par les musiciens maison, aussi bien en studio que sur scène. Les formations se font, se défont, s'entrecroisent… Isaac Hayes, dont le rôle dans l'écurie Stax se situait plutôt du côté de la composition, prenait même parfois la place de Booker T. derrière les claviers.
Booker T. justement (notez la qualité de l'enchaînement : des années de boulot pour obtenir une telle fluidité dans le texte ! Dire que tout ça est gâché par des parenthèses superflues, quel dommage…). Booker T. Jones donc. Multi-instrumentiste (saxo, claviers, vibraphone, basse, guitare), il a débuté sa carrière musicale à seize ans en jouant du saxo pour le label Satellite (le premier nom de Stax). En 1962, il est de la création des M.G.'s de Steve Cropper. Dès cette année, il écrit un titre qui deviendra un grand classique : Green onions. Pour ceux à qui ce titre ne dit rien – car il y a quand même de fortes chances que vous connaissiez cet instrumental sans même le savoir –, vous le retrouverez en vidéo sur le site de Booker T. ; vidéo des M.G.'s filmée en 2003 (vous noterez l'absence de Al Jackson Jr. à la batterie, il était excusé en raison de son assassinat en 1975).
Melting Pot est le dernier album des M.G.'s, peut-être bien le meilleur. Booker T. Jones était en train de quitter Stax et une partie des sessions d'enregistrement eurent d'ailleurs lieu à New York et non dans les studios du label.
C'est parti pour la revue des morceaux !
Face A
  1. Melting Pot : P'tite guitare funky. Groove de batterie qui ferait passer Charlie Watts pour un gars expansif mais qui est tout aussi efficace que chez ce dernier. Une basse qui tourne à merveille. Et l'orgue de Booker T qui nous emporte. Ça démarre très très fort ! J'ai du mal à choper les touches sur le clavier car même lui bouge tout seul ! Et tout ça pendant 8 minutes 15…
  2. Back home : Au départ, on croit à la suite du premier titre. Puis, petit à petit, tout se transforme en un blues classique mais néanmoins très efficace !
  3. Chicken Pox : Vous aimez les trucs qui tournent ? Les nappes d'orgue ? Les rythmiques qui portent bien leur nom ? Cherchez plus !
  4. Fuquawi : Un morceau un peu plus anecdotique à mon goût, ce qui ne veut pas dire inintéressant pour autant ! Loin de là…

Face B
  1. Kinda easy like : Un bon petit blues. Les chœurs font leur première apparition, se calant sur l'orgue pendant que que le trio basse-guitare-batterie fait tourner la boutique durant 8 minutes 43 !
  2. Hi ride : 2 minutes 36 d'un morceau chanté par l'orgue. Ça fleure bon les seventies !
  3. L.A. jazz song : Retour des chœurs sur ce morceau au groove implacable. Assurément la deuxième meilleure piste de l'album après Melting Pot !
  4. Sunny monday : Une intro qui pourrait presque être stonienne et puis… c'est reparti dans le son black typique des seventies et du fond musical des séries télé de l'époque. Sauf que là c'est pas au kilomètre, c'est du bon !

Pour conclure (il paraît que c'est bien, une conclusion, que ça fait pro et tout et tout ; bien que je ne sois pas sûr qu'elle soit ici nécessaire mais bon, on va rester simple et la faire cette conclusion !), je ne dirai qu'une chose. Si vous aimez la musique black des années 60-70 et que vous n'avez pas cet album sous une forme ou une autre (ne soyons pas intégriste, il n'est pas besoin d'avoir le pressage US original pour apprécier le son – mais non je ne chambre pas !), vous n'avez vraiment pas de chance…