C'est le 24 mars 1917 à Brooklyn (New York) que naquit le petit Alex Steinwess. Non, je vais la refaire. Ça va être vite chiant sinon…
Graphiste indépendant (là, direct, j'accroche au moins un lecteur – mat –, le plus dur est maintenant fait). Graphiste indépendant donc, Alex Steinweiss contacte le label Columbia dès 1939 pour proposer à cette maison de disques d'arranger un peu l'allure de ses 78 T (dont l'emballage est au graphisme ce que mat est à la pondération). D'abord anxieux quant à l'idée de dépenser plus de dollars pour quelque chose qui, au premier abord, ne leur semble pas forcément essentiel, les boss de Columbia sont vite convaincus par la force de persuasion de leur nouveau directeur publicitaire. D'autant plus qu'ils viennent de mettre au point un nouveau procédé permettant une baisse importante du coût de production de leurs 78 tours. Malgré un léger surcoût pour les nouveaux emballages, ils pourront quand même faire la nique à leur grand concurrent nommé RCA.

C'est ainsi que naquit en 1940 la première pochette. V'là qu'je r'commence…
La devanture d'un music-hall. Des lettres de lumière. Le sillon rouge symbolisé d'une galette en fond. On peut dire que la première pochette illustrée créée en 1940 par Alex Steinweiss détonne ! (cent francs dans le nourrain). Il s'agit de "l'album" Smash songs de Rodgers and Hart. Et c'est un mélange de photo noir et blanc (la façade de l'Imperial Theater) et de dessin (les cercles concentriques rouges).

La première pochette illustrée en 1940.

Et la réussite est fulgurante dans les mois qui suivent. Prix en baisse et pochettes révolutionnaires (les marchands les exposent en vitrine au lieu de les cacher au fond du magasin) font que les ventes de Columbia augmentent de 800% ! La porte est maintenant ouverte aux artistes et créatifs.

La naissance du LP : le 33 tours

En 1947-48, Columbia introduit le LP (Long Play – notre bon vieux 33 tours 30 cm) sur le marché. Bien évidemment, Alex Steinweiss ne rate pas l'occasion d'inventer l'emballage de la nouveauté ! C'est la naissance de la pochette telle que nous la connaissons aujourd'hui. Le carton est maintenant de mise ainsi que la pochette intérieure. S'il y a eu quelques variantes au cours du temps, les bases étaient jetées dès l'origine.



Concernant les disques, Alex Steinwess ne s'est souvent pas contenté des seules pochettes. Il s'occupait du produit entier (pochette, logo, typo, label sur la galette, etc.). Columbia, RCA, Remington, Decca, London… Nombre de maisons de disques ont fait appel à ses services jusqu'au milieu des années soixante-dix date à laquelle il pris une semi-retraite pour se consacrer à sa peinture. Difficile d'obtenir le nombre exact de pochettes qu'il a réalisées : 500, 1 000, 2 500 ? Ce qui est sûr, c'est que dès la première il avait marqué son temps.

Pour finir, je ne dirai qu'une chose : merci infiniment Monsieur !