Nous allons d'abord commencer par éliminer les rééditions évidentes (on ne rigole pas, il y a des évidences pour certains qui ne le sont pas pour d'autres) :
  • S'il est écrit "réédition de 1978", par exemple, sur la pochette ou sur le disque, vous êtes en face d'une réédition et non d'un original (je préfère préciser, on ne sait jamais !). Ceci dit, n'hésitez pas à sortir quand même le vinyle de son étui, vous pourriez tomber sur une version en couleur parfois bien plus difficile à trouver qu'un original du même artiste (les vinyles violets de Deep Purple, les roses de Pink Floyd, le double blanc des Beatles, etc.).
  • S'il y a un code-barres sur la pochette d'un disque censément publié dans les années 1970, par exemple, il s'agit bien évidemment d'une réédition.
  • Dans les années 70, la référence K7 (avec une petite K7 en image ou les mots "MC", "Musicassette", "Cassette" ou encore "K7") de l'album se trouvait souvent en-dessous de la référence du vinyle au dos de sa pochette. Si, en plus de la référence K7 vous trouvez une référence CD, de la même façon que pour le code-barres, cela indique une évidente réédition.

Passons maintenant aux rééditions moins évidentes à débusquer :
  • Le poids et l'allure générale.
    • Logiquement, plus un disque est lourd et rigide, plus il est ancien. Je dis bien "logiquement" car avec certaines rééditions (les fameux vinyles 180g), on peut se retrouver avec des disques réédités plus lourds et rigides que les originaux ! (je pense aux rééditions que l'on peut trouver dans les bacs actuellement : les albums d'AC/DC ou des MC5). Donc, là encore, vérifiez bien les dates, code-barres, etc.
    • Passons maintenant à l'allure de la pochette. Plus elle est épaisse et rigide, plus elle est ancienne. Logiquement. Car, là encore, certaines rééditions reprennent scrupuleusement l'original. Pour certaines raretés, il existe même des faux ! Ainsi en est-il du fameux EP des Beatles "From me to you" (SOE 3739). La première version de la pochette est commune et se négocie dans les 30-40 € en état totalement neuf. La seconde version – rarissime et souvent appelée "pochette sandwich" – n'a été tirée qu'à très peu d'exemplaires et vendue spécifiquement pour le marché français durant un laps de temps très court. En état neuf, elle peut se vendre 100 fois plus soit 4 000 € !!! Oui mais le disque à l'intérieur, me direz-vous, il est différent. Eh bien non, il s'agit exactement de la même galette. Rien ne le différencie de la première version. Vous comprendrez donc qu'il peut être tentant pour certains petits malins d'acheter la version originale, de contrefaire une pochette sandwich et de vouloir gagner plein d'argent au passage… (si vous voulez en savoir plus sur l'histoire de la pochette sandwich et sur les Beatles en général, Lucy in the web est un site incontournable. Donc, là encore, vigilance et bon sens sont nos amis.
  • BIEM et SACEM
    • Quel est le moyen le plus sûr pour déterminer si la galette pré-1970 (pour faire vite) que vous convoitez est bien l'originale que vous êtes prêt à payer à prix d'or et non l'une des rééditions valant 5 ou 10 fois moins ? Il suffit d'observer si sur celle-ci est apposée la mention BIEM ou la mention SACEM. Je m'explique. Tout d'abord, la signification de ces sigles :
      • BIEM : Bureau international des sociétés gérant les droits d'enregistrement et de reproduction mécanique.
      • SACEM : Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique.
    • La SACEM est une société affiliée au BIEM. Au départ, c'était le BIEM qui était chargé de collecter les droits d'auteurs y compris pour ses membres européens dont la SACEM fait partie. En 1970, il fut décidé que cette collecte serait désormais effectuée directement par les sociétés affiliées et non plus par le BIEM. C'est donc à cette époque que la mention BIEM qu'on trouvait alors sur le label des vinyles a été petit à petit remplacée par la mention SACEM. Ce changement s'est déroulé entre les derniers mois de 1970 et les premiers de 1971. Résumons donc :
      • Galettes censées être publiées avant 1970 :
        • Mention BIEM = original ou réédition pré-1970
        • Mention SACEM = réédition post-1971
    /!\ Attention /!\ Notez bien que cela n'est uniquement valable que pour les pressages français. On peut trouver la mention BIEM sur des pressages étrangers bien après 1971 et même encore aujourd'hui.

  • Autres indices en vrac :
    • Là, ça se corse (comme dirait un certain Pacha). En effet, jusqu'à maintenant logique et bon sens pouvaient suffire. Mais il est évident qu'une bonne connaissance des références utilisées par les maisons de disque s'avère également indispensable. Prenons l'exemple des premiers LP français d'Elvis Presley édités par RCA (quand je dis "premiers", il y en a un paquet quand même !). Si la référence est du type 430XXX, vous avez de fortes chances d'avoir en main un original (je suppose qu'il y a en effet eu des rééditions d'époque avec des labels différents, par exemple). Par contre, si la référence est du type 740XXX, il s'agit d'une réédition.
    • Une bonne connaissance de la discographie des artistes que vous recherchez est également importante mais cela semble une évidence. Certaines galettes bien qu'ayant le même numéro de référence n'ont pas du tout la même valeur selon que l'objet est complet (encarts éventuels, pochette intérieure, etc.) ou non. Le Double blanc des Beatles n'aura bien évidemment pas la même valeur selon qu'il soit complet (poster, photos, pochettes intérieures) ou non. Mieux, tout se joue parfois à un détail (je ne parlerai pas ici des erreurs d'impression ou des différents labels, sujets trop pointus pour moi). Revenons à Elvis Presley et à l'album GI Blues paru en France sous la référence RCA 430335. Une variante peut tripler la valeur du disque : le premier titre de la face A (Tonight's all right for love) existe en deux versions. Une version durant 1'20'' (cote en état neuf : dans les 50 €). Une version durant 2'10'' (cote en état neuf : dans les 120-150 €). Mais là, on est bien évidemment dans le domaine de chasse du collectionneur averti pour ne pas dire acharné voire monomaniaque.
    • Pour finir, trois petits trucs tout bêtes :
      • Bien souvent, malheureusement, les disques sont écrits au verso ou au recto (voire à l'intérieur même des pochettes qui ne se déplient pas !). On y trouve de tout – nom et prénom du propriétaire, notes sur les morceaux, gribouillages divers et variés, etc. – mais aussi, parfois un "Joyeux Noël 1974" ou un "Bon anniversaire à mon neveu préféré, tatie juju, 18 août 1974". Si le disque est censé avoir été publié en 1967, par exemple, aucune raison – ou presque – que ce soit un original. Et, avec un peu de chance, l'inscription en question aura été réalisée au crayon de papier. Sinon, décote assurée.
      • Surveillez bien les petits caractères sur les côtés du verso des vieilles pochettes. On y trouve souvent – avec ou non la mention de l'imprimeur – la date d'impression sous la forme 06-65 pour juin 1965, par exemple. S'il s'agit d'un disque paru en 1962, là encore ce ne peut-être un original.
      • "Pop music". "Progressive rock". "Inclus Tata Yoyo". Etc. Les autocollants sont nos amis. Ils peuvent ainsi également nous permettre de définir si la galette est un original ou une réédition. Si, sur une pochette, vous trouvez un autocollant mentionnant "Disque d'or", il ne s'agit bien évidemment pas d'un original mais d'un retirage (NB : ceci n'est pas forcément valable pour les disques de Paco Rabanne et affiliés…). De même, l'état, le graphisme et autres éléments de l'autocollant peuvent être autant de nouveaux indices quant à son ancienneté.


Pour conclure, posez-vous une question : est-ce si important que cette galette soit la version originale ? Si le prix est correct même pour une réédition, le contenu n'est-il pas finalement plus important que le contenant ?
Il serait tout de même dommage de rater la découverte d'un nouvel artiste ou d'un album inconnu à cause de ce qui n'est après tout qu'un détail (je sens que je vais faire bondir les collectionneurs purs et durs là…). Vous aurez peut-être la joie de trouver ensuite les originaux de cet artiste au gré de vos futures brocantes.


Quelques images pour terminer ce "petit" billet et pour tenter d'éclaircir tout ce qui vient d'être dit (désolé pour la qualité des photos, j'ai fait avec les moyens du bord…).

  • The Doors - Soft parade : original et réédition


En premier, le recto de la pochette originale française de l'album Soft Parade des Doors (Référence : Vogue – Série Loisirs – CLVLXEK 387 – 1969). On notera le graphisme de l'autocollant, typique. En second, le recto de la pochette d'une réédition des années 80-90 (je ne me souviens plus exactement de sa date d'achat).



En premier, le verso de la pochette originale. En second, le verso de la réédition (la présence du code-barres ne vous aura pas échappé).



En premier, le label de la galette originale. On notera la mention BIEM compatible avec la date de parution de l'album. En second, le label de la réédition. On devrait donc y lire la mention SACEM mais, en lieu et place, on y trouve pourtant la mention GEMA/Biem. Rappelez-vous que cette transition BIEM/SACEM n'est valable que pour les pressages français. Cette réédition a donc été pressée en Allemagne (GEMA/Biem = Allemagne), ce que confirme un Made in Germany sur le verso de la pochette.


  • Pink Floyd- Atom hearth mother : original et réédition

En premier, le recto de la pochette originale française de l'album Atom hearth mother de Pink Floyd (Référence : EMI Harvest – SHVL 781 2C064-04550 – 1970). En second, le recto de la pochette d'une réédition (Référence : EMI Harvest – SHVL 781 PM 261 – 1978). On notera l'absence flagrante du nom Pink Floyd sur la réédition.



En premier, le verso de la pochette originale française. En second, le verso de la réédition de 1978.



En premier, détail du verso de la pochette originale française. En second, détail du verso de la réédition de 1978. Impossible à prendre en photo avec l'appareil à ma disposition, la mention "Réédition de 1978" se trouvant en bas à gauche du verso de cette pochette et qui lève toute ambiguité.



En premier, le label de la galette originale française sur lequel on notera la mention BIEM. En second, le label de la réédition de 1978 sur lequel on notera la mention SACEM. Donc tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Sauf que. Cet album ayant été publié durant la période de transition BIEM/SACEM, on trouve aussi bien des version BIEM que des versions SACEM. Dans ce cas, d'autres détails permettent de différencier les galettes : la mention "Ce disque peut être utilisé avec un lecteur mono", le poids du disque, l'analyse des numéros de matrice gravés sur le vinyle…


  • Elvis Presley - G.I. Blues : une variante

En premier, le recto de la pochette originale française de l'album G.I. Blues d'Elvis Presley (Référence : RCA – 430.335 – 1960). En second, le verso de cette pochette.



En premier, le label. La référence, la mention BIEM et, surtout, le poids de la galette (!) ne laissent pas planer le doute. En second, détail du verso. Eh oui, il s'agit bien de la version avec Tonight's all right for love d'une durée de 2'10" (va falloir me faire confiance sur le coup car je n'ai pas réussi à obtenir mieux pour la photo…). Mais, vu l'état de la pochette, la décote est terrible. Reste le vinyle en bon état qui peut intéresser un collectionneur possédant une pochette en bon état mais une galette en piteux état. Sauf qu'il n'est pas à vendre !


  • The Beatles - From me to you : une réédition bien plus rare et chère que l'original

Même époque. Mêmes titres. Même disque. Mais pochette différente. A gauche, une cote d'environ 40 à 50 €. A droite, un prix qui peut dépasser les 4 000 € et pousser à la contrefaçon… Juste une petite précision qui a son importance. Je ne suis malheureusement en possession d'aucune de ces deux galettes. Les photos proviennent du site Lucy in the web dont j'ai déjà donné le lien.