Malgré un coucher plus que tardif, j'étais bien motivé ce matin pour faire un tour sur deux brocantes bien sympa que j'avais notées sur mon agenda. Debout à 8 h. Ouverture des volets. C'est le moment où l'on sait si on se remet au lit ou si on sort la monnaie et l'indispensable et solide sac plastique taille XL. Le ciel est plus que mitigé. Le chineur de galettes aussi. Allez courage, on met un pull et tant qu'il ne pleut pas tout est encore possible. Un café et hop dans la voiture ! Bon, d'accord, trois cafés et je me glisse péniblement dans la voiture plutôt que je ne saute à l'intérieur…
Aie ! Après quelques minutes, ça commence à brouillasser sévère (en langue étrangère – en bon français quoi ! – il bruine ; vous savez, cette petite pluie fine et pénétrante). Je commence à regretter mon lit… Arrivée sur la première brocante. Je regrette immédiatement d'être amateur de galettes plutôt que de parapluies et autres bâches ou films plastiques. Quasiment personne dans les allées. Moitié moins de stands que d'habitude.
Et les galettes me demandez-vous, jeunes (ou moins jeunes…) et fougueux lecteurs ? Si si, vous me le demandez. Je le sais bien. Et puis sinon, il faudrait que j'arrête ici ce billet qui n'aurait alors aucun intérêt. Alors qu'à la lecture de la fin de celui-ci vous verrez que… Non, finalement, je ne suis pas sûr qu'il aura un intérêt. Mais bon. Vous me demandez et puis c'est tout ! Ne me faites pas perdre le fil de mon passionnant récit.
Les galettes donc, allais-je dire avant d'être brutalement interrompu. D'abord, il fallait les trouver sous les bâches, pensais-je. Que nenni. Elles étaients à l'air libre, bravant courageusement les éléments. Ben, c'est triste une galette sous l'eau. On imagine aisément l'état des pochettes humides après quelques jours passés dans les cartons du sous-sol ou de la cave des exposants… : le paradis de la moisissure ! Fort heureusement, ça me fait quand même moins de peine de croiser un 33 T de Carlos prenant l'eau (le vinyle, pas Carlos ; ça se saurait) que de voir baigner dans son jus un Who ou un Gainsbourg. Et là, c'était plutôt une brocante type Carlos
Bref, je m'apprête à repartir quand je vois un bac à l'abri sous une table. Je saute au cou de l'exposant moustachu et l'embrasse vigoureusement (bon, d'accord j'exagère un tantinet mais j'ai eu envie ; enfin un peu). Je plonge mes mains tremblantes d'émotion dans le bac. Apparemment, le moustachu est fan de Frédéric François (dingue ce qu'il a pu vendre ce gars là !). Je commence à regretter de l'avoir embrassé (enfin d'avoir eu envie, je me comprends). Et puis, ô miracle ! (faut dire que le stand est au pied d'une chapelle) : deux 78 tours de Charles Trénet qui vont peut-être me redonner la foi que je n'ai jamais eue et qu'ils ne pourront donc pas me redonner mais je m'égare… Je sors le premier 78 tours de sa pochette anonyme d'époque. Aie ! Je sors le deuxième 78 tours. Re-aie ! Apparemment, le moustachu a dû manquer de parpaings pour ses entraînements de karaté ; il n'est pas amateur de puzzle et cette chapelle n'est pas si jolie finalement. Je saute au cou de l'exposant moustachu et tente de l'étrangler vigoureusement (bon, d'accord j'exagère un tantinet mais j'ai eu envie ; enfin beaucoup).
Je préfère oublier la visite de la deuxième brocante au risque d'avoir envie de me suicider en avalant une par une les galettes issues d'un carton type Magdane-Dorothée. C'est pas grave ça fait partie de la vie du chineur me dis-je (même si ça m'emmerde grave de m'être levé si tôt pour aller admirer une exposition de bâches). De retour à la maison, je reprends le dessus (et trois cafés…) et me remets à la rédaction d'un long billet (plus long que celui-là c'est pour dire) qui aura pour but de donner quelques pistes pour différencier une réédition d'une galette originale. Sacré boulot. Mais on y croit.
L'après-midi se déroule mieux que la matinée. Finalement le soleil fait une timide apparition. Je le soupçonne fortement de me narguer mais je ne relève pas. C'est un coup à s'agacer et à perdre le fil. Je me concentre donc sur mon billet (l'autre, pas celui-là, suivez un peu sinon on ne va jamais s'y retrouver !). Arrive le moment du point final de l'écriture, précédent la dernière relecture et la mise en ligne. Ben oui mais non. Ce serait trop simple. Un si long billet sans exemples imagés, c'est peine perdue. La preuve, vous n'êtes plus que deux à lire ce texte (en comptant mat et Pablo). Choix des vinyles pour illustrer l'article. « Tiens, ça fait longtemps que je n'ai pas écouté celui-là. » « Tiens, je l'avais déjà celui-là ?! ».
Trois heures (et trois cafés) après. J'allume l'appareil numérique pour donner vie aux susdits exemples imagés. Je touche au but. Je photographe la première photo. Et paf ! (le chien, pas le capitaine ; on est dimanche et c'est pas bien de boire le dimanche même que). Les piles rechargeables me lâchent… Pas grave me dis-je. Je suis fort. Je vaincrai l'adversité de ce dimanche automnal autant qu'hostile. Le temps que les piles se rechargent (compter une semaine pour 4 minutes d'autonomie environ), je vais chercher des piles non rechargeables mais pratiques quand même. Sot que je suis ! Comment ai-je pu imaginer que j'allais m'en sortir aussi facilement ?
Conclusion (c'est pas que je m'ennuie mais j'ai faim). Pas de nouvelles galettes. Faut pas me parler de moustachus ni de piles. Faut pas boire autant de café. L'abus de parenthèses est nuisible à la compréhension d'un texte. Et le billet dont je parlais plus haut et que vous attendez maintenant fébrilement attendra encore quelques heures ou jours avant d'être en ligne.
Finalement, un dimanche pourri n'est rien d'autre qu'un dimanche pourri…